Deuxième partie:
5 mai 2006 il est 11h.
Salle d'embarquement de la SNCM, la joliette, Marseille.
La salle d'embarquement est pleine "d'arabes"...comme y dirait ce raciste de H...
Valises, couffins, odeurs et djellabahs...Tout y est! me voilà de suite plongé dans l'ambiance. Une atmosphère de souk et de pagaille d'où ressort une certaine fébrilité certainement causé par l'excitation du retour au pays.
Mon Dieu que j'aime ça !
Ce brouhaha aux accents familiers, cette odeur de foule et derrière les baies vitrées, ce bateau, qui à intervalles réguliers envoie, comme pour communiquer avec notre impatience, des coups de corne. L'aventure commence.
Dans un état second, de bien être et d'excitation, je savoure ce moment de bonheur. J'imagine que le kif doit produire cet agréable euphorie. Le rêve prend forme. Je suis au bout de quarante quatre ans d'une incroyable attente. Un vrai bonheur.
L'expérience de ce retour, je l'attendais avec une appréhension de tous les jours de ne jamais pouvoir le réaliser. Aujourd'hui, c'est fait, je vais concrétiser ce rêve, retourner à Alger, à Bab el Oued...Retourner chez moi.
L'expérience de ce retour, je l'attendais avec une appréhension de tous les jours de ne jamais pouvoir le réaliser. Aujourd'hui c'est fait, je vais concrétiser ce rêve, retourner à Alger, à Bab el Oued...chez moi.
Ce pèlerinage, je ne pouvais le faire qu'en solitaire afin de ne pas me laisser distraire de mes émotions, convaincu qu'il laissera un souvenir et des traces inoubliables, c'était déjà une première certitude.
L'expérience de ce retour, je l'attendais avec une appréhension de tous les jours de ne jamais pouvoir le réaliser. Aujourd'hui c'est fait, je vais concrétiser ce rêve, retourner à Alger, à Bab el Oued...chez moi.
Ce pèlerinage, je ne pouvais le faire qu'en solitaire afin de ne pas me laisser distraire de mes émotions, convaincu qu'il laissera un souvenir et des traces inoubliables, c'était déjà une première certitude.
J'ai écris ce récit pour exprimer ma joie, ma satisfaction et mon enthousiasme d'avoir pu enfin retrouver ma terre natale, mon bled. Mot qui prend véritablement tout son sens.
J'ai certainement vécu là les plus beaux jours de ma vie. Je souhaiterais que cette expérience décide bon nombre de mes compatriotes à franchir avec allégresse ce rubicond qui n'est finalement qu'un tout petit ruisseau.
J'ai aussi pensé que ce voyage atténuerait la sourde colère de l'exil, traînée depuis 1962 comme un vieux rhumatisme auquel on ne s'habitue vraiment jamais.
Cette indisposante, contrariante et permanente « rabbia » mêlée de rancunes, de parti pris et parfois de haine, j'ai du progressivement l'apprivoiser pour l'atténuer et la traduire, 44 ans après, par une attitude plus sage, pas forcement toujours domptée mais dénuée de toute rancœur. Cela reste encore très souvent pour ne pas dire toujours une épreuve que seule une honnête analyse de notre histoire me permet de surmonter.
Quarante cinq ans de recherches, de découvertes et de réflexion sur notre passé souvent brocardé et il faut le dire méconnu, m'ont permis de comprendre et de vérifier des vérités qui forcement ne pouvaient que contrarier certaines versions stéréotypées de l'imagerie populaire de cette France de notre enfance.
Une autre époque nous avait habitués à auréoler de sainteté certaines méthodes coloniales. Nous en étions restés là. Naïveté ou mentalité, éducation d'un autre siècle dont nous n'avions pu réussir à nous échapper, certainement un peu des deux.
Certaines situations et particulièrement celles du statut capitaliste des quelques familles qui régentaient et se partageaient l'Algérie devaient influencer et modifier à court terme, la version idyllique qu'on nous traçait de notre belle Algérie Française. Face à une gigantesque misère où le petit blanc émergeait péniblement, des milliers « d'arabes » subissaient l'arrogance d'une administration inadaptée qui ne fit qu'entretenir, raviver et déclencher une révolte nationaliste jamais complètement éteinte.
Cette histoire fut pour bon nombre d'enfants de ce pays, qu'ils soient arabes, juifs ou européens, un épisode douloureux parsemé de choix, d'engagements et de souffrances. Tous y ont laissé une partie de leur vie.
La France qui à aucun moment ne fut digne et capable de s'atteler au problème algérien laissa les situations empirer laissant à l'armée puis à des gouverneurs impuissants, aux vagues notions administratives locales, le soins d' improviser des politiques dictées ou supervisées d'abord par l'armée et ensuite par le grand colonat.
Cette politique absurde de pourrissement servit de tremplin aux ambitions
gaullistes pour se terminer en guerre civile mettant au même banc des accusés la nation et le peuple français, comme toujours largement compromis.
Je m'aperçois toujours avec stupeur que si la haine a totalement disparue de mon discours pour tout ce qui concerne l'Algérie, ma rancune s'est à peine atténuée quand aux comptes que la France devrait encore nous rendre.
Il en est un pour qui mon ressentiment reste intact et ma haine toujours aussi profonde : Charles de Gaulle, responsables de ce prodigieux désastre que la France a du mal à reconnaître et dont elle est seule responsable.
Pour le reste, je crois avoir réussi en partie, ce difficile exercice qui encore quelques fois continue de me jouer des tours et à nuire à la bonne interprétation de la réalité historique. Je dois dire que certaines versions avancées par l'état Algérien, reprises et encouragées par une clique gauche-caviar, (idées à gauche et portefeuille à droite), faussent passablement le débat.
Associée à quelques meneurs d'associations anti gouvernementales (dont le seul but, poussé par les socialistes, est de déstabiliser l'autorité de l'état), une pseudo « intelligencia », responsable du désastre actuel que va connaître le pays, ne cesse d'envahir les nombreux débats télévisés où la contradiction que devrait apporter une introuvable élite pieds noirs, rarement la bienvenue, est inexistante.
Ce combat contre moi-même que je continue de mener est toujours une épreuve. Il constitue encore souvent pour chacun d'entre nous un difficile, voir insurmontable obstacle, car la Vérité (dans tous les camps) quelques fois nous accable.
Cette objectivité à sens unique est quelquefois insupportable. D'où les ripostes et les dérapages de certains de nos amis au sang chaud que l'on ne manque pas sournoisement d'inviter à des débats truqués, pour les jeter, après les avoir passablement « banderillés », dans l'arène de certaines émissions télévisées.
En exploitant systématiquement et à leurs dépends, leur côté écorché vif qui les rend agressifs et donc vulnérables, les metteurs en scène de cette nouvelle réécriture de l'histoire, accréditent consciencieusement et surement une falsification honteuse et inacceptable de l'histoire.
La Vérité n'est peut être pas toujours bonne à dire...mais rien ne nous empêche aujourd'hui en la découvrant de modifier objectivement nos points de vues et d'adapter nos revendications. Les meilleurs exemples sont les déclarations de Massu et d'Aussaresse. Nier ou ignorer ces faits semble aussi inconvenant que d'ignorer le massacre des pieds noirs ou des Harkis après le 19 mars.
La somme des messages d'injures, d'insidieuses insinuations ou de reproches accusateurs d'une minorité de mes compatriotes pieds noirs qui 45 ans après n'ont toujours rien compris à notre histoire qu'ils refusent d'approfondir, prouve à quel point nous étions conditionnés et manipulés.
Ces « donneurs de leçons », ces « grandes gueules » bien de chez nous, cocardiers souvent d'extrême droite aux relents racistes qui ne tolèrent pas qu'on puisse penser autrement, en utilisant des méthodes fascistes ou bolchevistes, ont préféré s'enliser dans un débat politique qui ne les concerne plus et qui n'est plus le nôtre. Et cela, au détriment de l'union jusqu'ici impossible de la communauté pieds noirs. Leur aveuglement est le même qu'à l'époque des évènements.
Cette minorité sectaire d'apprentis sorciers, loin de rallier l'opinion de la majorité, se contente de commémorer maladroitement, d'inaugurer bruyamment et de raviver patriotiquement des flammes qui ne font que nous caricaturer et nous projeter dans le camp des méchants nationalistes, de nous faire cataloguer et montrer du doigt. Quand je les entend encore prononcer le mot de « patrie », j'imagine l'hilarité que cela doit provoquer dans les classes politiques qui les manipulent.
Avec le temps ce type de rassemblement associatif s'essouffle et tend à s'espacer. Pour en avoir fait l'expérience le repas qui suit généralement ce type de cérémonie contribue bien souvent à la réussite de l'évènement.
Jacques Roseau
"Lâchement assassiné" pour reprendre une expression utilisée à l'époque.
Le meurtre de Jacques Roseau fut le point d'orgue de cette médiocrité organisée où la bêtise, l'ignorance et l'intolérance ont fait commettre à un pauvre type le pire des crimes. Ces maniaques du 11.43 avaient encore pourtant de belles cibles de gaullistes en lignes de mires, responsables de nombreux massacres organisés souvent avec préméditation.
L'assassinat de Jacques Roseau sonnera le glas du rassemblement impossible, de la désorganisation totale de la fin d'une communauté et de la pagaille qui règne dans nos rangs. La même d'ailleurs qui régnait en 1962 dans l'OAS.
Quelques associations de partisans de l'Algérie Française, se réclamant légataires de la bonne cause affichent triomphalement des sentiments et des attitudes qui en temps voulu n'ont jamais porté leurs fruits. Intransigeants, sectaires, souvent racistes, s'inspirant d'un nationalisme dépassé, ils alimentent une polémique que certaines associations du type LDH exploitent habilement, consolidant un travail de désinformation qui ne fait qu'ancrer un peu plus dans les esprits que nous étions le bras armé de la colonie et ensuite de l'OAS.
Ce vacarme plus folklorique que réaliste, quand il ne prend pas des airs de tragédie, ne fait que retarder les grandes revendications que nous aurions du faire aboutir déjà depuis longtemps.
Cette attitude qui fait désordre donne à nos adversaires, beaucoup plus doués que nous en communication, des occasions supplémentaires de nous coller à la peau une réputation de braillards juste bons à « bouffer du bougnoule ». Ils y réussissent fort bien.
De victimes que nous étions, nous sommes devenus et restés des bourreaux. L'inacceptable pour nous est de toujours être montrés du doigt comme des nostalgiques de l'OAS, fer de lance de la colonie.
Continuer de glorifier cette époque et ce combat dont les maigres résultats seraient à taire, ne sert strictement à rien ou qu'à nous faire remarquer inutilement.
D'ailleurs les quelques martyres que De Gaulle nous a donné et les quelques grands chefs militaires restants ont su garder jusqu'au bout une certaine réserve. Il est à peu près sur que ceux tombés inutilement dans le djebel ou dans le fossé de Vincennes ou d'Ivry n'approuveraient guère certaines de ces prises de positions.
Ce déballage peu représentatif et inutile d'une résistance souvent désorganisée ou qui a rarement eu lieu prend aujourd'hui des airs de résistance de la dernière heure. En dehors de quelques commandos composés de militaires, l'engagement des pieds noirs fut pratiquement inexistant.( Voir l'analyse peu flatteuse du Colonel Argoud sur les pieds noirs).
Nous avons été trahis par ceux que nous aimions, par l'amour d'une France idéalisée et par celui que nous avions appelé pour assurer nos destinées dans la solution la plus française. Avec les Harkis, nous restons l'un des épisodes les plus honteux de l' histoire de France. Nous avions là assez d'arguments pour nous faire entendre autrement qu'en vociférant sur de nombreux chapitres hors sujet.
De l'avoir trop aimée, cette France nous a mené au désastre...
Alors ne vaut-il pas mieux nous confondre en d'abominables racistes !
Ce qui suit sera peut être pour certain un mode d'emploi pour renouer d'une façon plus concrète et officielle la véritable relation qui a toujours existée entre le pied noir et le peuple Algérien.
Pour quelques autres, une infime minorité en voie de disparition, un manuel de repentance, une attitude scélérate, un reniement.
A ces entêtés frères ennemis, aveuglés de rancœur et de revanches, je dirais simplement qu'ils se trompent et qu'ils ratent certainement l'une des dernières occasions qui leur est offerte de connaître l'ultime joie de renouer une relation « charnelle » et très forte avec leur terre natale.
Si certains ne peuvent entreprendre une telle démarche, et cela est fort compréhensible, qu'ils soient persuadés que tous ceux qui optent pour un retour et un rapprochement vers leur terre natale le font d'une manière aussi sincère que spontanée et qu'en aucun cas, à bouts d'arguments, ce geste ne peut être interprété comme un reniement.
Si la tolérance n'est pas la première vertu de la communauté pied noir, le temps et l'âge devrait être, en principe, générateurs d'apaisement. Après un demi siècle de mise en scène, de mensonges et d'interprétations falsifiées d'une histoire certainement trop honteuse pour être entièrement dévoilée, nous assistons à notre plus grand étonnement et sans que nous y soyons pour quelque chose, à un phénomène nouveau de rapprochement.
Nous devons de part et d'autre l'accepter, l'applaudir et l'encourager.
Les réalités quotidiennes et les évènements des 50 dernières années nous obligent des deux côtés des deux rives, à des constats catastrophiques qu'il serait indécent d'ignorer. Même si nous n'en parlons pas encore ouvertement, un accord tacite nous oblige à la réserve et je crois que pieds noirs et Algériens l'ont bien compris. Reste les discours officiels de plus en plus bafoués par un nouveau public, tant algérien que français, curieux, avide d'informations et de vérité.
Les pieds noirs, dans leur grande majorité assoupis et parfaitement intégrés ont vite été frappés d'amnésie. L'abandon moral et matériel de leurs cimetières en est la preuve la plus accablante. La diversité de nos origines et des classes sociales des populations rassemblées par le statut de la nationalité n'a pas permis en 100 ans de créer un embryon communautaire capable de forger une identité nouvelle. Il nous aurait fallu encore une cinquantaine d'année et que les mentalités évoluent sur le modèle européen. Ce qui n'est pas certain.
En dehors d'une minorité, la grande majorité des rapatriés d'Algérie, de retour sur le territoire national s'est diluée et s'est installée dans la société française, s'éparpillant suivant leur statut dans le tissu social et politique français où l'anonymat, l'indifférence et l'égocentrisme priment sur tout autre sentiment.
Se souciant peu des affaires de la nation, ils allaient reconstruire une nouvelle existence et pour certains atteindre un niveau de vie inespéré.
Classés comme d' « inoffensifs » citoyens et jaugés d'entrée comme peu dangereux par un De Gaulle qui les avait parfaitement compris, ils allaient se fondre naturellement dans la société et se disperser dans l'électorat français.
Certains, aujourd'hui encore feignent d'être de bons français. Peu d'entre eux persistent à croire que les « arabes » sont les véritables responsables de leur destin malheureux.
N'ayant aucune stratégie revendicatrice, face à l'impardonnable politique de la France en Algérie, occultée depuis 1962 par tous les gouvernements complices, tous ont laissé faire. La grande majorité continue de faire semblant et au fil du temps ne s'aperçoit même pas qu'elle est entrain de disparaître.
Déçus, trompés, trahis, seul le côté matériel d'une intégration réussie semble les avoir motivés. Peut-on aujourd'hui leur reprocher cette discrétion, ce réflexe d'immigrés ?
Ayant fait depuis longtemps une parfaite démonstration de leur incapacité à s'unir, les pieds noirs doivent se résigner à disparaître. La seule consolation, pour une infime minorité d'entre eux, sera de laisser quelques témoignages. Une trace pour les historiens de demain qui pourront peut être faire un peu mieux que les auteurs partiaux de cette réécriture falsifiée que nous subissons depuis 50 ans.
Aujourd'hui, dans une ambiance malsaine, on continue de remplir les manuels d'histoire de nos enfants de versions partisanes destinées à discréditer l'œuvre de la France et à blanchir les responsables des nombreuses tueries qui ont particulièrement compromis et entaché le pouvoir gaullien.
En se confortant dans ce tissu de mensonges, la France et les français restent dans l'inexplicable tradition « anti France » qui incite depuis toujours la moitié des français à collaborer.
Ce collaborationnisme extrême, applaudi dans ce pays et condamnables en d'autres, occasionnera les nombreux dérapages que nous lui connaissons et enfantera d'illustres héros tels que Bourdarel pour l'Indochine, les porteurs de
valises pour l'Algérie avec ses Montand, Sartre et bien d'autres, partisans déclarés d'un terrorisme de salons feignant d'ignorer les méthodes barbares expérimentées le plus souvent dans les bagnes communistes.
Ce terrorisme franco-français continue depuis 50 ans de fêter ses tristes héros.
Algérien, Français, un peu des deux.
Sur le pont supérieur du Tarik Ben Zyad, de bon coeur, je tourne déjà le dos à ce rivage métropolitain qui n'a jamais pu remuer en moi de sentiments affectifs profonds.
Le bateau vibre de toute son âme, des remorqueurs s'approchent pour l'éloigner du quai, quelques mouettes tournoient au dessus de la poupe déjà tournée vers le large, de l'autre côté à Alger m'attend, les hirondelles ont du arriver.
Le drapeau Algérien que je continue machinalement d'appeler le drapeau « fellagha » claque au vent. - Tiens! Je m'aperçois aujourd'hui qu'il vient de me devenir indifférent, l'égal du français...
Détaché sentimentalement depuis fort longtemps de tout ce qui se passe dans mon dos, je réalise une fois de plus à quel point cette terre française, que les Algériens de toutes confessions ont tant aimée souvent « par procuration » m'est complètement étrangère.
Ayant totalement refoulé depuis 1962 tous liens affectifs qui m'accrochaient à cette France que j'ai du mal à comprendre, j'ai le sentiment aujourd'hui que nous aurions du depuis longtemps opter pour une autre identité, une autre appellation « contrôlée ».
Le terme avancé depuis presque un siècle par le Cercle Algérianiste et que personne n'a encore vraiment revendiqué est certainement le mieux adapté à notre statut de déraciné : « Algérien d'expression française ».
Je ressent aujourd'hui le besoin de m'exprimer en tant que tel.
C'est le qualificatif que je revendique de plus en plus car pour moi comme pour bon nombre des miens, la France m'a définitivement quittée un certain 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger.
Il y a bien longtemps déjà, je sus que si j'avais été Algérien musulman, mon engagement eut été celui d'un nationaliste pur et dur. Quarante cinq ans après je ne peux que confirmer.
Notre fierté aidant, aurions nous pu supporter le carcan d'une
domination quelconque ?
Ce qui m'autorise aujourd'hui, mieux vaut tard que jamais, à avoir plus d'indulgence pour ceux qui avaient choisi le parti de la rébellion contre la France, qu'ils soient arabes ou français, FLN ou OAS.
Dommage qu'ils aient choisi d'exercer de part et d'autre une violence et une terreur extrême et raciste sur des minorités innocentes. Mais dans le contexte de l'époque, avaient ils le choix ?
"Un mort en complet veston vaut dix morts en tenue kaki" disait Abane . C'était la stratégie du pire, de la terreur et du sang.
Si aucune famille du grand colonat ne fut inquiétée ou si jamais entre 1954 et1962, aucun puits de pétrole ou un gazoduc ne fut saboté, la raison est bien simple. Le FLN était payé par les pétroliers français avec la bénédiction du larmoyant Paul Delouvrier, délégué général du gouvernement, que nous prenions à l'époque pour un type bien.
Certains officiers perdus, ceux qu'on disait « malades de l'Indochine », et dont je me sens toujours un redevable et solidaire héritier, avaient manifesté, dès leur retour de captivité, ce même sentiment. Ils restaient la seule et unique chance de l'Algérie Française car ils avaient compris qu'il était préférable de creuser des puits plutôt que de ratisser et « napalmer » le djebel .
Le résultat de cet immense gâchis qui débuta sous les lampions tricolores d'une France imaginaire, celle de notre enfance et qui prit fin avec le massacre de la rue d'Isly et l'abandon des harkis, m'amena rapidement au rejet définitif de cette nation qui nous avait trompé et qui continue toujours, comme le soulignait le ministre français Senghor, de « montrer la ligne droite en empruntant les chemins les plus tortueux ».
Il me devint rapidement de plus en plus difficile de souffrir cette nationalité française reconnue qu'épisodiquement en périodes électorales, de supporter et de voir de nombreux « gogos » de chez nous, pourtant échaudés, sombrer dans un ridicule cocardier , illustrant le caricatural et célèbre dicton, cocu, battu et content.
Évoluer dans cette France qui pue, qui ment, qui n'en finit pas de s'auto flageller, de se compromettre et de se renier, fut longtemps une épreuve difficile dont me voilà aujourd'hui presque libéré, voir complètement étranger.
Cette incontinence intellectuelle, pour le moins décadente et dégradante de la société française, a longtemps contribué à entretenir cette aversion et à obscurcir cette réalité typiquement française de glorifier, de collaborer et de traiter avec l'anti-france.
Aujourd'hui, complètement libéré de ce complexe, je dois avouer que je m'en fiche complètement, n'espérant même plus, même secrètement qu'un dernier « caudillo » vienne remettre les pendules à l'heure.
Depuis 2003, et comme je l'ai déjà dit, sans que nous y soyons pour quelque chose, nous constatons qu'un nouveau chapitre de notre histoire semble vouloir s'inscrire dans le grand livre de l'Histoire.
Si l'on en croit les signes de plus en plus affirmés des Algériens à notre égard, il semblerait qu'une grande majorité d'Algériens se réjouissent de nous recevoir d'une manière chaleureuse et fraternelle, contrariant très ouvertement les discours et les opinions diffamantes de ceux qui depuis quarante cinq ans, en France, nous brocardent.
Ce phénomène de rapprochement est la plus belle réplique et un pied de nez formidable à ceux qui depuis trop longtemps nous calomnient. Dans cette France appelée à devenir une nation métissée les pieds noirs auraient pu avoir un rôle important à tenir.
Cette réconciliation entre Pieds Noirs et Algériens enfin reconnue est acceptée, comprise par tous, y compris depuis peu par l'hermétique public métropolitain, est en passe de devenir un épisode reconnu qui réhabilitera sans doutes, mais dans la plus grande discrétion, notre statut d'Algérien d'expression française.
Ce rapprochement permettra peut être aussi de sauvegarder tout un pan d'une histoire commune jusqu'ici méconnue et déformée. Il est surprenant de constater que les Algériens ne contestent pas, comme pourrait le faire croire le discours officiel, l'œuvre des pieds noirs en Algérie. Les attitudes agressives de leurs gouvernants ne cachent elles pas une tactique populiste qui permettrait de s'ancrer davantage au pouvoir et de prolonger encore pour un temps l'exploitation de la manne pétrolière. Les années à venir seront certainement déterminantes.
Sans jamais perdre de vue les réalités historiques qui de part et d'autre ont souvent été dramatiques et inexcusables, de par notre attachement viscéral à cette terre algérienne à laquelle nous continuons d'appartenir, nous aurions pu, aujourd'hui espérer jouer un rôle charnière et devenir le trait d'union, ô combien naturel de deux entités liées par le destin. C'est ce que pensent de plus en plus de nombreux compatriotes pieds noirs et algériens, peut être encore trop traumatisés pour l'avouer complètement.
Cette attitude spontanément mais encore trop timidement exprimée permettrait peut être de sortir de cet isolement où nous nous sommes volontairement cantonnés. En acceptant de participer et de rencontrer des hommes honnêtes et de bonne volonté animés de l'irrésistible envie de reconstruire tout un pan d'un passé pas toujours condamnable, les pieds noirs et les Algériens inscriraient d'une manière tout à fait surprenante quelques belles pages de leur histoire commune.
Nul ne peut plus ignorer aujourd'hui que la France coloniale ne fut pas des plus tendres avec les Algériens. Le fut elle d'ailleurs avec nous ?
Les plus optimistes et les humanistes que nous souhaitons être resteront persuadés que la Morale et l'Histoire, un jour prochain pourront réhabiliter ceux qui depuis un demi siècle drainent l'opprobre d'une nation longtemps compromise.
Les pieds noirs, du moins ceux qui le désirent, ont la chance de renaître grâce à l'affection et aux signes chaleureux de reconnaissance que leur prodiguent « leurs frères de terre ». Ce que les médias, en France comme à Alger ne manquent pas de vulgariser.
En nous propulsant ainsi sur le devant de la scène, une occasion nouvelle de nous exprimer pourrait nous être offerte. Espérons que les moins aveugles d'entre nous, sauront persuader les plus récalcitrants, d'abandonner les attitudes réfractaires et non justifiées que nous leur connaissons.
Une ère nouvelle de compréhension instinctive entre Algériens de toutes origines et confessions confondues est entrain de prendre une forme inattendue. Ce phénomène se traduit par des retours massifs de pieds noirs applaudis des deux côtés par les nouvelles générations et par une étonnante surprise des métropolitains qui ne soupçonnaient pas qu'une telle complicité puisse exister.
Le film indigène, véritable détonateur, a permis une réhabilitation fulgurante d'une page volontairement égarée de notre histoire.
Les vrais Algériens, les « accrochés du bled », c'est à dire ceux qui aiment par dessus tout leur pays, manifestent de plus en plus des besoins, des envies de se rencontrer, de se retrouver et de reconstruire au grand jour une amitié qui n'avait jamais vraiment disparue.
A
ujourd'hui seulement les Harkis et les Pieds Noirs peuvent se permettre d'espérer et penser que l'Histoire commence à peine et timidement à réhabiliter leur passé.
Mektoub ! c'est écrit disent les plus fatalistes d 'entre nous...
Heureux de voir s'estomper les côtes provençales que j'ai pu tant de fois explorer par la mer dans ses moindres calanques, je ne peu m'empêcher de penser à tous ces rendez vous manqués du destin ou du hasard.
Cette région, il faut l'avouer est magnifique et il me reste ici et là quelques souvenirs inoubliables que je n'arrive toujours pas à classer parmi les bons ou les mauvais.
J' ai passé là les quinze premières années de mon exil. J'aurais pu y rencontrer le succès, l'amour et me fondre dans le train-train quotidien d'une vie toute tracée, bien à la française.
Si le rebelle que je suis avait pu accéder à ce bonheur simple, il est à peu près certain que sa vie aurait pu avoir une toute autre trajectoire.
Trois fois durant cette période, le destin me refusa ou me fit manquer ces rendez-vous. Mektoub ! C'était peut être écrit comme on dit chez nous.
La première fois, ce fut dans la Drôme où pour 735000 anciens francs je fus dissuadé par un père possessif de ne pas acheter une magnifique bâtisse sur trois hectares de terrain en bordure de rivière. Pour le même prix j'achetais une Renault 4L... Cette expérience m'appris que les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs. Je n'avais même pas vingt ans...je ne savais pas.
La deuxième fois je ratais l'achat d'un hameau dans le haut Gard,((c)hameau dans le Hoggar) j'avais eu l'imprudence de faire visiter ce magnifique endroit à mon épouse un jour de sirocco comme il en existe exceptionnellement tous les 10 ans dans cette région. Pour le même prix, vingt mille francs, j'achetais un voilier qui me permit de caboter pendant plusieurs années autour de Marseille.
La troisième fois une rencontre manquée avec celle avec qui je croyais finir ma vie, là encore l'histoire ne se terminera pas comme prévu.
Avec fatalisme je du convenir que je ne serais jamais ni gardien de chèvres dans la Drôme ou dans le Gard, ni un condamné, même comblé, à finir sa vie de ce côté ci de la Méditerranée. Restait il d'autres raisons de s'enraciner dans un pays qui m'a toujours semblé hostile ?
La vie, simple en apparence est ainsi faite, le temps passe et souvent le dérisoire, l'égocentrisme ou le besoin d'être reconnu empêchent les êtres humains d'accéder aux petits bonheurs simples de la vie. Pour les uns ce sera l'égoïsme, pour d'autres l'ambition, pour d'autres encore l'intérêt ou la cupidité. Mêlez à tout cela un brin de snobisme, d'orgueil et de prétentions et vous rendrez vite le monde impossible à vivre.
Triste monde me direz vous dans lequel, en dehors des années difficiles mais heureuses d'une jeunesse en pleine guerre d'Algérie, rien ne vint vraiment enrichir le traintrain quotidien d'une vie métropolitaine condamnée à être médiocre.
J'avais cru dès 1962 que l'idéalisation du pays natal et de la terre perdue allait être le ciment d'une identité à construire. D'une identité à la juive ou à l'arménienne. Le regard et l'attitude réfractaire des métropolitains a souvent contribué à faire exister et à renforcer notre "communauté" qui n'avait jamais pris conscience jusque là de son existence.
En me réfugiant dans une « nostalgérie » permanente, je fermais la porte à toute possibilité d'intégration, entretenant la sensation et le sentiment d'être étranger dans une métropole aux mentalités négatives. Sensation toujours persistante que j'entretiens toujours avec avec un plaisir malsain, avec la plus mauvaise foi.
Pensant que la culture de l'exil pouvait devenir un élément réunificateur en devenant le pilier de la communauté, je du vite déchanter et m'apercevoir que la diversité de nos origines étaient un véritable barrage à toute espérence d'identité.
Ceux qui comme moi, se sont engagés dans cette voie, ont pour la plupart compris leur erreur et depuis seulement quelques années commencent à évoluer. Les autres, une minorité, garderont cet esprit destructeur qui les empêchera de connaître l'apaisement et le soulagement pourtant bien mérité que pourrait leur procurer un retour au pays.
Si dans le fond il n'y a pas de deuil possible, dans la forme, grâce à la diversité de nos origines et à la découverte de notre histoire, nous pouvons espérer renouer avec notre terre dont le peuplement fut le résultat de migrations diverses. Dans ce registre, une petite place nous est attribuée.
En l'acceptant honnêtement et en faisant beaucoup d'efforts sur nous même nous pourrons, selon J.J Jordi « renouer avec le champs territorial du Maghreb, et surtout de proposer une recherche identitaire forte de plusieurs origines et influences : espagnole, italienne, allemande, maltaise, juive, arabo-musulmane et régionalo-française ! Des terres permises à défaut de promises ? »
N'ayant rien de mieux à proposer face au bilan catastrophique des associations agonisantes, je persiste à croire qu'il s'agit là de la meilleure thérapeutique contre cette « nostalgérie » épuisante qui depuis un demi siècle entame sérieusement notre joie de vivre.
Ayant perdu pour l'instant, face aux comploteurs et aux menteurs de toutes sortes, la bataille de la mémoire, il serait temps d'imaginer d'autres stratégies qui nous permettent de marquer notre époque et de laisser aux historiens de demain des indices qui leur permettent de rétablir la vérité.
En choisissant la voie de la réconciliation et du pardon, je pense avoir choisi la voie de la raison, cette même raison qui nous a si souvent manquée. Comme de plus en plus d'algériens, je souhaite aujourd'hui plus que tout, le rapprochement de tous les enfants de cette terre.
Dispersés au quatre coins du monde, leur dénominateur est une commune souffrance née de la guerre mais aussi de l'exil. La plupart de ces hommes, presque toujours meurtris, essaient, dans un même souci d'apaisement, de réunir toutes les bonnes volontés qui bien avant les états ont commencé, en précurseurs et courageusement, le grand travail de réconciliation de tous les enfants de ce pays.
Le temps passe, les jours s'enfuient, les témoins disparaissent laissant aux derniers acteurs de cette époque un sentiment de frustration, de colère et de regrets que seule la réconciliation de tous les algériens pourra dissiper, du moins atténuer.
La Vérité sous toutes ses formes, qui n'est pas toujours bonne à dire et encore moins à entendre, devra un jour éclater au grand jour. En commençant en premier par écorner passablement nos belles images d'Epinal. Il est grand temps d'ouvrir les yeux et les oreilles, il est grand temps que la France et l'Algérie arrêtent de mentir à leurs nationaux et qu'enfin des historiens compétents commencent à relater les faits sans les falsifier ni les déformer.
Oui la torture a existée répondant aux attentats aveugles et largement médiatisés dans le monde. Oui une répression aveugle a jeté les populations dans les bras du FLN. Oui De Gaulle s'est servi de l'Algérie pour s'emparer du pouvoir et prendre sa revanche sur les français, leur léguant à court terme un tribu de guerre à solder qui sera le métissage de la nation française.
Oui le grand colonat a toujours refusé toutes émancipations des musulmans poussant les plus pacifiques à la révolte armée, oui des français de gauche ont influencé la dérive socialiste de l'Algérie.
Oui l'armée française avait réussi sur le terrain à isoler la rébellion et à rallier une grande partie de la population musulmane.
Oui l'armée française a lâchement tiré dans le dos des pieds noirs qui manifestaient pacifiquement le 26 mars rue d'Isly, oui la France s'est compromise en envoyant des brigades spéciales de barbouzes afin de creuser de plus en plus le fossé entre les deux communautés, oui il y a eu de part et d'autre des actes barbares entraînant une escalade de la violence.
Oui De Gaulle qui n'aimait ni les arabes, ni les pieds noirs, malgré « sa superbe intelligence » est le responsable de la plus grande tragédie du XXème siècle et de l'abandon des population musulmanes qui avaient cru en sa parole de ne jamais les abandonner.
Oui il y a eu enfin, comme le souligne M'hammed Yazzid, figure historique du FLN, « usurpation de la souveraineté populaire au profit d'options populistes. « Nous avions un système qui étouffait toute expression . On a falsifié l'Histoire. On a inventé, afin de le gérer, un passé virtuel servant les intérêts de la clique au pouvoir. Ce système perdure. Ceux qui sont aujourd'hui à la tête de l'Etat et qui parlent de démocratie et de liberté d'expression ont toujours été
contre les libertés. Avec le recul, je constate qu'en 1962 nous avons acquis une nationalité, mais pas le droit à l'exercice de la citoyenneté. » (Entretiens accordé au journal El Wattan).
Oui enfin la France est la grande responsable de ce fiasco et de toutes les conséquences auxquelles elle doit faire face aujourd'hui.
Il serait temps que les yeux s'ouvrent et que les oreilles entendent.
Il serait temps que la France retrouve ce courage qui lui fait défaut depuis quarante quatre ans et reconnaisse, comme elle l'a fait pour l'affaire Dreyfus ou le génocide juif, sa part de responsabilité dans le désastre algérien que le plus illustre des français a bâclé de la façon la plus inattendu. Aujourd'hui quelques historiens commencent timidement à reconnaître et à dénoncer le désastre gaullien.
Nous ne doutons pas que l'Histoire a commencé sa quête de Vérité et que personne ne sortira grandi.
Quand aurons nous le courage de regarder en face une fois pour toutes tous les évènements de notre longue histoire et d'admettre d'une manière bilatérale que nous avons agi trop de fois comme des barbares. Ce jour là seulement français métropolitains et algériens pourront se regarder comme se regardent aujourd'hui pieds noirs et algériens.
La France est coupable envers les Algériens, nul ne peut le nier, coupable envers les pieds noirs et les harkis, nous n'avons plus à le démontrer, coupable envers les français métropolitains qui se retrouvent aujourd'hui confrontés à des problèmes d'intégration.
En laissant un pays riche mais sinistré à une bande d'incapables, alors qu'une élite algérienne pouvait prendre le relais, en soutenant depuis l'indépendance des pouvoirs corrompus, la France est encore coupable d'avoir appauvri le peuple algérien à qui tous les espoirs démocratiques auraient été permis s'ils ne s'étaient fait voler leur révolution par des une clique de chapardeurs ou d'illuminés.
Un jour, inévitablement, le tribunal de l'Histoire instruira...
Accusée "France" levez vous !
L’arrivée en bateau sur la capitale Algérienne est un inévitable premier coup de foudre avec le pays. Phénomène collectif qui marque pour toujours le visiteur qui arrive pour la première fois en rade d’Alger.
Du rêve à la réalité.
Ce voyage, j'en ai longtemps rêvé. Une fois la décision prise un plaisir insatisfait me plongea pendant plusieurs mois dans des rêveries sans fin où je revenais sans cesse sur tous les lieux de ma jeunesse. Un nombre incalculable d'images et de personnes complètement oubliées, sorties d'une mémoire presque intacte réapparaissent dans ces épisodes très embrouillés où curieusement toute forme de violence est gommée.
Je viens d'apprendre par un ami retrouvé, J.L F que le Sport Nautique de la Pointe Pescade a totalement disparu. Enorme déception car en rêve j'y étais souvent retourné. Des flash, amusants ou tragi-comiques me reviennent constamment comme par exemple l'aventure de ce brave monsieur Torjman qui tenait un« rhanout » entre Belcourt et Hussein Dey et qui fut victime par trois fois de tentative d'assassinat. Il échappa par miracle à l'acharnement d'un fellagha certainement peu motivé ou aussi terrorisé que sa victime.
La première fois, il fut légèrement atteint, la deuxième fois le pistolet du terroriste s'enraya et la troisième aucun projectile ne l'atteint sérieusement, provocant un départ paniqué, subite et définitif vers la métropole.
Monsieur Torjman, de confession juive était un véritable symbole de l'entente qui pouvait exister entre juifs et algériens, donc un cible de choix pour le FLN.
Je me souviens également de cet instant épique qui se termina comme toujours à Bab el Oued par une franche rigolade, quand Monsieur Chouraki, un homme excessivement distingué,(et oui il y en avait à Bab el Oued) avait ceinturé le terroriste qui venait d'assassiner le bachagha qui habitait rue Rochambeau. Cette scène héroïque se passa devant l'école Rochambeau, pratiquement sous le balcon des Chouraki qui habitaient au quatrième étage du 7 rue Mazagran.
Madame Chouraki qui avait assisté de son balcon à l'intermède héroïque de son mari poussa un tel cri que son époux perdit tous ses moyens et laissa filer sa prise. Ce qui n'altéra en rien l'héroïsme de notre voisin et le respect que nous lui portions déjà.
Souvent en rêve où pendant les nombreuses insomnies qui perturbent ces nuits d'attente, les mêmes images ne cessent de revenir. La plus répétitive est toujours l'inévitable arrivée en bateau dans la rade d'Alger, le moment fatidique où je poserais le pied sur ce quai, sur cette terre cent fois, mille fois bénie par nous tous.
La demande de visas est la première blessure infligée au revenant. Comment peut on remplir sans sourciller une demande d'autorisation de se rendre dans le lieu même de sa naissance, là où reposent plusieurs générations de nos parents. Même s'il est aujourd'hui indépendant, ce pays ne devrait pas nous faire sentir par cette mesure absurde que nous sommes étrangers ! Enfin, « Paris vaut bien une messe » et caparaçonné par 44 ans de tracasseries franco-françaises, je me résous à ignorer ce détail. Après tout ne m'a-t-on pas demandé à l'ambassade de France à Tananarive de prouver ma nationalité française ! Ce qui déclencha une cascade de réflexions aigres douces qui abrégea considérablement la démarche.
A dix jours de mon départ, c'est drôle, je n'y pense plus du tout. Le visas que j'ai du envoyer de La Réunion à Paris par la poste m'est revenu en règle, les places de bateau Marseille Alger sont arrivées, une information sur le site Mémoire d'Alger de Marc Morell m'a permis de rencontrer Rachid Hammanni, aujourd'hui un fidèle ami, qui m'attend pour me véhiculer dans l'Algérois, l'hôtel El Kettani en bordure de Bab el Oued est réservé. Le compte à rebours a commencé, Alger m'attend. Le grand moment est arrivé.
J'ai un peu peur de mes émotions, moi qui m'était toujours dit que le jour où je reposerais le pied sur ma terre désormais Algérienne, je me baisserai à la manière du pape pour embrasser ma terre.. Oserais je le faire ?
Aujourd'hui malgré une nostalgie toujours aussi vivante, mes sentiments à l'égard du pays sont inchangés. Un mélange démesuré d'amour et de regrets. Comme beaucoup de mes compatriotes, qui sans avoir vraiment tourné la page ou renié le passé, j'ai choisi de rejoindre ces hommes de bonne volonté, qui des deux côtés des deux rives tentent obstinément de renouer des liens jamais rompus.
En illustrant une autre facette beaucoup plus ouverte et tolérante de ce que la communauté pieds noirs, la moins silencieuse, a souvent l'habitude de montrer, je pense avoir trouvé une forme salutaire d'apaisement qui se traduit en ce qui me concerne par de toniques réactions
Lassé de voir « nos représentants » souvent autoproclamés reprendre à leur compte ce qu'il n'est ni permis de dire ni de penser, simplement par respect pour nos compatriotes juifs et algériens, lassé de les voir s'acharner sur des sujets qui ne les concernent pas, véhiculés par des leaders d'extrême droite peu recommandables, lassé de devoir constater que ces hommes et ces femmes, pourtant mes compatriotes, presque toujours issus du petit peuple de Bab el Oued ou de Belcour continuent de proférer des discours haineux et racistes, je préfère, après 45 ans d'un constat d' inefficacité, choisir une autre voie, celle du rapprochement, de la compréhension, de la rencontre et du respect mutuel. Ce qui n'est pas toujours facile.
Nous sommes de plus en plus nombreux, de part et d'autre des deux rives, à penser qu'il est temps de faire connaître et de d'exhiber les relations fraternelles qui existent depuis toujours entre tous ces enfants d‘Algérie. C'est en précurseurs, que nous souhaitons de toutes nos forces, ouvrir une ère nouvelle d'amitié et de respect.
Dans les deux camps, une minorité d'agités complètement dépassés continuent d'entretenir un état d'esprit revanchard et une atmosphère malsaine de revanche et de haine, occultant, camouflant et semblant totalement ignorer les réelles relations d'amitiés qui les unissent. Ces visions partisanes et à sens unique de l'histoire, largement soutenue par une propagande souvent démesurée ne trompent plus grand monde.
Savoir, vouloir découvrir et comprendre la Vérité jusqu'ici masquée ou falsifiée ou souvent inventée devient une nécessité absolue.
Voilà le premier pas que Pieds Noirs et Algériens sont peut être prêts à franchir ensembles.
Comment peut on se tromper à ce point et ne pas tirer de leçons du passé. Abandonner une fois pour toutes ces prises de positions qui, pour certains, depuis Susini et Ortiz n'ont pas évolué d'un pouce. Il faut admettre irréparablement que la guerre d'Algérie est définitivement finie et cesser au nom des pieds noirs de proférer ce langage unique télécommandé par une idéologie d'extrême idiotie qui ne dépasse pas chez nous comme ailleurs les 5% de la société.
Alors comme je le demande souvent et le répète haut et fort dans toutes mes interventions associatives et autres : « Assez de discours anti sarrasins qui n'amènent rien de positif si ce n'est de raviver les haines et de nous faire passer pour des excités fascisants ».
Cette opinion est celle de la grande majorité silencieuse qui en a « ras le bol » de ces discours « africaners » qui depuis 45 ans n'ont servi à rien, qu'à l'exclusion, qu'à la division, qu'à la haine et à l'oubli. Nombreux sont ceux qui ont décidé de mettre un bémol à toutes ces aigreurs et d'avoir au-delà de la « Tchatche », la difficile obstination de vouloir réhabiliter, dans le plus grand respect mutuel, la mémoire des deux peuples frères d'Algérie.
Ce voyage que j'ai souvent rêvé, maintenant est une réalité. Cette attirance pleine de craintes est contre balancée par les contacts d'amis algériens que je ne connais pas encore, mais qui par leurs nombreux messages me chavirent complètement. Le grand moment de franchir la méditerranée pour retrouver les odeurs, les jardins et les traces de quelques instants de ma jeunesse est tout près. Il me serait bien impossible maintenant d'y renoncer.
Ce retour sera celui des retrouvailles et d'une réconciliation officielle et définitive avec ceux que j'aime appeler mes frères de terre. Difficile combat contre moi-même qui aura mis presque un demi siècle à murir.
Même si la réalité n'est pas au rendez vous ou à la mesure de mes rêves, ce voyage restera un grand moment que je ne serais pas prêt d'oublier. Je sais que ce pèlerinage sera empreint de tristesse, de déceptions, de colères peut être, de regrets mais aussi de joies. Je crois que la fraternité qui nous unit à ce peuple frère l'emportera et qu'au-delà de toutes les difficultés actuelles et officielles, la voie de la raison et de l'amitié l'emportera.
Allez « slama » je suis déjà parti, dans ma tête je suis déjà en Algérie !
Les pages qui suivent, seront sans doute pour certains d'une banalité anodine, une succession d'émotions qui ne seront peut -être pas toujours partagées. On est propriétaire de ses émotions et la question de les étaler m'a souvent paru bien inutile. Si je la tente aujourd'hui, c'est sans doute involontairement pour me libérer d'un poids mais aussi pour témoigner et laisser la traces de certains faits divers, multipliés certainement des milliers de fois dans tous les coins de notre pays, qui pourront rappeler à nos enfants comme à nos étrangers compatriotes métropolitains, que nos aïeux étaient autre chose que ces colons misérables qui ont parfois existé et qui ont mené l'Algérie à sa perte.
L'arrivée en bateau sur la capitale Algérienne est un inévitable premier coup de foudre avec le pays. Phénomène collectif qui marque pour toujours le visiteur qui arrive pour la première fois en rade d'Alger.
A 5 h du matin, sur le pont supérieur j'assiste au levé du jour. La mer est d'huile et le lourd bateau qui n'a pas la grâce ni le charme des bâtiments de la Navigation Mixte glisse doucement, plus doucement que par le passé vers Alger.
On devinera les côtes algériennes vers 10h mais cette approche est hélas trop rapide.
Grâce à la photo numérique je compte bien immortaliser sur tous les angles cet accostage. Le spectacle qui m'attend me rend impatient et fébrile.
La partie Est de la rade apparaît en premier dans un flou de collines, puis se distinguent les maisons, les quartiers, les deux îlots de la Pointe Pescade.
Le bateau maintenant est dans l'axe de Bab El Oued surplombée par la carrière Jobert qui se détache au dessus des maisons. On approche de la balise de Nelson qui a changé de couleur, le petit chapeau conique qui la surmontait a été remplacé par une antenne radio. Un phénomène curieux durant tout ce voyage sera de remarquer des changements dans d'infimes détails, comme par exemple le chapeau conique et la couleur de cette balise qui à l'époque était rouge et blanche. Sans y avoir souvent pensé, cette balise était restée intacte au fond de ma mémoire.
Nous sommes maintenant en face d'Alger qui semble avoir doublé, triplé en constructions. L'émotion monte. Je voudrais que le bateau stoppe ces machines pour mieux profiter de cette offrande. A plusieurs reprises ce site magnifique de la rade d'Alger qui de loin n'a pas beaucoup changée se brouille d'un voile provoqué par une émotion difficile à contenir.
Le petit déjeuner pris il y a quelques heures avec un jeune Algérien curieux qui avait deviné ma démarche fut d'une cordialité étonnante. Plusieurs algériens voyageant seuls venus nous rejoindre à cette table de célibataires entrèrent joyeusement dans notre conversation en me précisant d'une manière assez touchante que des liens peut être inexplicables pour eux, existaient toujours entre nous. Pas un seul de ces voisins de tables n'avaient connu notre époque.
L'arrivée en bateau à Alger est poignante, les Algériens eux-mêmes, ne peuvent détacher leur regard de ce merveilleux panorama. La ville est bien plus blanche qu'avant. Les volets bleus de toutes les façades s'harmonisent bien avec l'insolente lumière qui se réfléchit sur la mer.
Maintenant Alger est là, devant moi. Avec toute mon attention je scrute chaque maison, chaque bâtiment, chaque coin de verdure. Je veux profiter le plus possible de ce panorama, l'imprimer dans ma mémoire.
Après cette approche qui dure plus de deux bonnes heures, la gorge nouée je m'apprête à débarquer. Cet instant est grave et poignant, depuis cette date maudite du 17 juin 1962, j'espérais ce retour. Nous sommes le 7 mai 2006. Quarante quatre ans, presque jour pour jour.
Revoir mon Algérie, c'est fait, je me sent déjà nettement mieux !
Alger la blanche, El Djézaïr, Icosium... j'en avais rêvé 44 ans.
Dans un rêve permanent je retourne souvent dans ma ville. Alger du soleil, des tempêtes, des grands jours de vent s'engouffrant dans les larges avenues de Nelson, Alger des années heureuses où nous allions partager la Mouna à Sidi Ferruch ou à Baïnem, Alger des jours de haine, de sang et de colère, Alger de mon enfance, plus belle ville ville du monde et symbole encore vivace d'une aventure heureuse et tragique de plusieurs peuples, acteurs d'une saga dont nous jouons les derniers tableaux.
L' arrivée en bateau à Alger est un spectacle inoubliable. Entre mer, montagnes et soleil, Alger, ancienne cité barbaresque et repaire de pirates concoure de beauté avec les plus rades du monde.
La baie d'Alger ouverte sur le nord, face à la France, simulant un arc de 12 km de long sur 8 km de profondeur est plaquée au pied de montagnes qui s'élèvent dès le rivage.
Les avenues qui sillonnent la ville donne l'impression de balcons qui partent à l'infini.
Sur la droite, à flan de colline, la Casbah, citadelle du XIVème siècle aux ruelles étroites. A ses pieds, la rampe Chasseriot mène à la darse, ancien port des raïs, de nos jours amirauté et port de plaisance.
C'est de ces quatre îlots, el djézaïr (en arabe les îles) reliés à la terre par les décombres de la destruction du fort l'Empereur (le Pénion) que Barberousse organise ses fructueuses expéditions en méditerranée. Cet assemblage d'Orient et d'Occident fait le charme de la capitale qui regorge de palais richement décorés du butin de la piraterie.
Marbres d'Italie, carreaux de Delph, fers forgés européens et colonnades vénitiennes enrichissent un art islamique et ottoman importé par les arabes en Barbarie et perpétué avec habileté par l'architecture néo orientale des édifices construits par les français.
Le premier balcon où l'on accède par les escaliers de la pêcherie abrite la place du gouvernement où caracolait jadis le duc d'Orléans, fils de Louis-philippe et passionné d'Algérie, au fond l'ancienne mosquée devenue cathédrale pour redevenir mosquée est une magnifique construction byzantine qui délimite le territoire de la Casbah, site classé au patrimoine mondial de l'humanité et où il est impossible de se perdre car toutes les rues redescendent vers la mer.
Alger, cité culturelle, cité de palais et de maisons mauresques a inspiré de nombreux artistes dont le plus prestigieux d'entre eux Etienne Dinet allias Nasser Edine Dinet est entérré à Bou Saada. Ce mouvement orientaliste très à la mode au XIX ème siècle sera par la suite longtemps boudé par les amateurs d'art et atteindra après l'indépendance des côtes considérables sur le marché de l'art. Un autre grand artiste algérien Mohamed Racim marquera son époque et sera reconnu dans le monde entier pour ses enluminures.
Djemma El'Kebir, la grande mosquée, dont le minaret date du XIV ème siècle fut commencée au XI ème pour se terminer en 1837. Djemma El Jdid, la nouvelle mosquée, construite en forme de croix par un moine architecte en captivité. (qui fut attaché et exécuté au bout d'un canon après avoir avoué au dey cette particularité). Cette construction due à la piété des janissaires se trouve en plein cœur de la place du gouvernement que les vieux algériens appellent la place du cheval, surplombant la darse.
On ne saurait évoquer Alger sans mentionner le faubourg de Bab el Oued, qui a été le creuset de cette fusion d'étrangers d'où a émergé un nouveau peuple, un nouveau type d'hommes aux origines multiples, qu'on appellera d'abords les Algériens puis à partir de 1954 les pieds noirs.
Une autre visite incontournable : Le monumental jardin d'essais, véritable jardin botanique de toutes les espèces subtropicales venues des toutes les colonies françaises mais aussi du Mexique, des Antilles, du Brésil, d'Asie, d'Inde et d'Australie raconte l'incroyable aventure botanique que fut l'Algérie. Les caves expérimentales d'Algérie seront le point de départ d'une viticulture moderne et d'une nouvelle science, l'œnologie, qui révolutionnera les techniques de fabrication du vin en apportant aux grand crus français une perfection scientifique qui se transmettra en Amérique et en Afrique du sud.
Deux musées, le Bardo et Stéphane Gsell, présentent les plus belles collections d'art romain, d'archéologie, d'art oriental et islamique.
Ville éclatante de lumière, murs chargés d'histoire, panoramas inoubliables où le ciel et la mer s'associent les jours de colère pour exprimer une violence que seule cette terre est capable d'engendrer.
Alger, méditerranéenne ,fière et lunatique, capitale de l'Empire et ville turbulente marquera l'histoire de son destin souvent tragique. Terre de passage et de conquête, l'histoire de ce pays sera vouée depuis la nuit des temps à une malédiction éternelle. La paix n'a jamais vraiment existé sur cette terre nord africaine où le sang a toujours coulé et où l'unité des populations et des différentes ethnies reste toujours le problème majeur d'une identité algérienne qui a du mal à s'affirmer.
Alger la bourgeoise, première ville du pays et résidence des grandes familles du grand colonat, de la haute administration et de la grande bourgeoisie française et algérienne, affichait comme toutes les capitales du monde ses quartiers riches et résidentiels. Isolés dans des palais ou de luxueuses villas d'un standing correspondant à leur fortune, cette haute société évoluait en vase clos et était pratiquement ignorée de la masse populaire. Comme partout ailleurs, deux mondes se côtoyaient sans vraiment se connaître.
Alger et ses environs, la Madrague, Baïnem, Pointe-Pescade, Sidi-Ferruch, Zéralda, Castiglione, et bien sûr Tipaza resteront pour bon nombre d'entre nous des nostalgies de mer et de soleil que notre plus célèbre écrivain immortalisera dans « Noces ». Souvenirs qui resteront soudés à nos mémoires et qui inconsciemment nous rattache à un passé révolu mêlé de regrets, de chagrins et de mélancolie.
Je retournerai certainement un jour à Alger et ce jour là sera un grand évènement.
Même si Alger sans ses Pieds Noirs n'est plus tout à fait Alger...
Loin de ressembler à la caricature qu'en fait Jules Roy, l'un des leurs, qui en caricaturant une jeunesse minoritaire des beaux quartiers restait dans la ligne de son parti, les Pieds Noirs, dans leur grande majorité, comme le soulignait Camus, ne furent spoliés que du droit tout à fait légitime de vivre et de mourir, si possible paisiblement sur leur terre.
Revoir Bab el Oued, mon ultime rêve se réalise...
Alger sans Bab el Oued, ce serait New York sans Manhattan...
En arabe la porte de l'oued, ce faubourg populaire d'Alger doit son nom à un oued qui a été recouvert et qui se trouvait jadis avenue de la Bouzareha.( bou = père, z'rhéa = graine)
Cette agglomération de 80 à 100 000 habitants essentiellement issus de la classe ouvrière était composée de juifs, de maltais, presque toujours les plus riches, d'espagnols, d'italiens plutôt pauvres et d'arabes, les plus démunis. On trouvait aussi des origines corses, alsaciennes et françaises, ainsi que de nombreux mozabites.
Plantée au pied de la carrière Jaubert qui allait donner à la ville d'Alger sa renommée d'Alger la Blanche, ce cantonnement de carriers qu'il fallait nourrir et pourvoir en fournitures de toutes sortes attira des commerçants juifs, maltais et mozabites. Ensuite arrivèrent les pauvres pêcheurs italiens, principalement napolitains, des espagnoles et en dernier lieu les républicains espagnols fuyant le franquisme. Avec bien souvent pour seuls bagages leurs coutumes et leurs traditions, tout ce monde, cosmopolite était heureux de redémarrer une vie pleine de promesses. Ils avaient tous un but commun : Réussir.
A part son nom exotique, ce quartier n'avait rien d'oriental. De grands immeubles Napoléon III bâtis sur de larges avenues débouchant sur des esplanades et jardins en escaliers surplombaient des panoramas sur la mer à vous couper le souffle. En fond sur la plus haute des collines, sur fond de ciel azur, Notre Dame d'Afrique. En cent ans, ce qui fut un exploit pour l'époque, cet immense territoire rural devint un faubourg puis une véritable ville à la porte de la capitale, avec ses quartiers bourgeois pour les plus aisés, des quartiers plus simples pour les autres et enfin des cités nouvellement créées, genre HLM, pour les derniers arrivés. (HBM. habitations bon marché).
Loin des riches quartiers bourgeois de la capitale, ces faubouriens dépassaient rarement le quartier Nelson, qui finissait au lycée Bugeaud et qui était la frontière qui nous séparait de la ville d'Alger. Vivant en vase clos, presque ghetto et souvent raillés par les Algérois intra-muros, la société « babeloudienne » allait être dominée par l'influence espagnole du sud, mahonaise et italienne. Donnant naissance à un langage populaire, imagé et pittoresque, un nouveau style de folklore et un nouveau parlé immortalisé par le personnage de Cagaillous naîtra. Bien plus tard la famille Hernandez fera connaître cette exubérante société aux origines diverses et à l'incroyable culot d'afficher des sentiments pourtant sincères de leur francité.
Les nombreuses églises de Bab el Oued accueillaient une foule de nombreux paroissiens, en majorité d'origine italienne et espagnole. Les plus zélés, et ils étaient nombreux, manifestaient une dévotion qui frisait l'exhibitionnisme et la superstition. Les pèlerinages et les interminables processions à Notre Dame d'Afrique étaient célèbres et les nombreuses « mama » italiennes ou espagnoles traînaient manu militari leur progéniture pendant que leur mari, discutaillaient sport ou politique devant les comptoirs emplis de kémias des grands cafés du quartier. Certains pèlerins ironisaient-on partaient de l'avenue des consulats à pieds ou même à genoux. D' autres pour mieux expier leurs pêchers mettaient du gravier dans leurs souliers, d'autres encore des pois chiches... que les plus malins faisaient cuir avant de partir. Les 6 km qui séparaient le point de départ à la basilique étaient arpentés dans un concert de louanges, de prières et de chants.
Le Bab el Oued des cafés et des brasseries tenait une place importante dans la vie de tous les jours. L'anisette et la khémia agrémentaient ces longues soirées qui débutaient généralement vers 18h30 et qui réunissaient toujours les mêmes habitués. Les patrons de café en vrais professionnels rivalisaient d'ingéniosité pour attirer cette clientèle. Le Grand Café Riche avait pour spécialité les frites et les escargots, Chez Henri c'était les beignets de poisson, le poulpe ou la sépia, souvent devant le bar, sur deux ou trois rangers, les clients tendaient leurs verres pour se faire servir. Et dans cette ambiance survoltée c'était souvent le foot ball qui déchaînait les discussions les plus passionnées et animées. En ce temps là la politique n'était pas à l'ordre du jour.
L'invective, l'affront, l'offense, l'injure tenait une place importante, typiquement masculine et latine dans la vie de tous ces gens simples et souvent analphabètes, prêts à se passionner et à s'exprimer pour un match et bien plus tard pour la politique. Ces frères ennemis, supporters de l'ASSE ou du GSA oubliaient leurs querelles sportives permanentes pour aller affronter avec le même chauvinisme les équipes de Sidi Bel Abbes ou d'Oran.
Les épouses, quand à elles préféraient les grandes salles de cinéma qui se remplissaient comme par enchantement dès qu'un film de Luis Mariano apparaissait sur des affiches avantageusement hispanisées. La cuisine tenait une place importante et donne encore de nos jours une idée de la richesse culinaire de notre région. Cuisine juive, arabe et méditerranéenne donnera naissance à une nouvelle gastronomie toujours très appréciée.
Symbole de l'absurde et désillusion de tout un peuple face à l'incompréhension de l'histoire, les pieds noirs de Bab el Oued allaient supporter et payer chèrement la politique scabreuse du grand colonat et l'intransigeance sournoise et aveugle d'un plus grand fabulateur qu'eux, Charles De Gaulle.
Orientée par quelques familles qui se partageaient le pays, une politique incohérente entraînera tout un peuple à basculer dans le camps de la rébellion, cela dans l'indifférence la plus grande d'une métropole trop occupée à reconstruire l'après guerre.
A Bab el Oued comme partout ailleurs différentes castes sociales se côtoyaient. Les derniers arrivés étaient les plus pauvres et vivaient dans des quartiers bien délimités et construits spécialement pour eux, c'était par exemple le cas des gitans qui avaient remplacé dans des baraques les italiens qui occupaient les habitations bon marché qui s'étendaient de l'avenue des consulats à la consolation. D'autres plus anciennement établis occupaient les beaux quartiers de Bab el Oued, l'avenue de la Marne ou la rue Borély le Sapie. Les quartiers neufs des hauteurs de Bab el Oued commençaient dès les années cinquante à accueillir les familles arabes qui peuplaient les bidons villes avoisinants. Une tardive mais véritable politique de logements sociaux se mettait progressivement en place.
Tout ce monde vivait bruyamment et en friction constante qui se manifestait très tôt sur les bancs de l'école républicaine et plus tard sur les terrains de sport.
J'habitais au premier étage de la rue Mazagran, entre les escaliers du Marignan et l'avenue Malakoff. Notre immeuble de cinq étage était une grande maison familiale où régnait un esprit « kibboutzim » où chaque locataire avait vu naître plusieurs générations d'entre nous. Serrour , Manuguera, Figarolla, Chocart, Ousillou, Hadjaj, Chouraki, Pulsonne, Cohen, Gomez, Torres, Assaya, Caillemaris, Lascar, Réallé...il fallait être d'une grande politesse et les embrassades étaient nombreuses. Quand un enfant de la maison était malade, il devenait immédiatement le centre d'intérêt de toutes ces familles qui manifestaient leur solidarité et leur inquiétude par des envoies spontanées de pâtisseries orientales, juives et arabes. Chaque petit pieds noirs se retrouvait ainsi avec une multitude de tantes et d'oncles, de grands-mères et de grand pères qui au fil du temps continuaient de considérer ces enfants devenus adultes comme leur famille. Et cela c'était magnifique !
Bab el Oued
Tout ce monde vivait en parfaite intelligence et la rue faisait partie de notre vie. Commissionnaires arabes, marchands d'habits (ancêtre du fripier et du brocanteur), vendeurs de figues de barbaries, de tramous, de bli-blis, clochards du quartier (qui étaient des SDF privilégiés) qu'on appelait aussi « des kilos » faisaient partie de cette grande comédie où il n'était pas rare, au temps de l'Algérie heureuse, que l'un d'entre eux, Saïd ou Kaddour, sous le balcon de ma grand-mère, et à la grande joie d'un nombreux public toujours disposé à rire, s'époumone en criant : « Mémé, lance moi cent-sous !
A BeO les fêtes étaient nombreuses, chrétiens, musulmanes, juives. Chaque fête était marquée par une participation collective et par des échanges de nourritures. Je me souviens des fiançailles de Josiane Hadjaj où par tradition juive on nous mettait du hénné dans la main, de ces passages obligés chez le coiffeur du quartier lors de la barmitza de nos petits voisins, les mariages étaient les plus belles fêtes et j'ai encore le souvenir de Lili Boniche descendant les escaliers de notre maison en jouant du violon, c'était toujours pour le mariage de la fille Hadjaj ou peut être Seror.
A Bab el Oued nous avions le sang chaud. Depuis il s'est à peine refroidi. Un regard trop pesant, une remarque à peine déplacée, un mot de travers risquait à tous moments de déclencher une émeute. Ce goût ibérique du courage se développait très tôt et l'école républicaine était un excellent terrain d'entraînement. Nos maîtres nous montraient l'exemple en exerçant une éducation musclée où le sens moral avait une place importante. Il en était de même pour nos curés. Tous ceux qui se souviennent du père Streicher de St Vincent de Paul pur alsacien et pieds noirs dans l'âme garderont même adulte un souvenir de frayeur, de respect et une grande estime pour ce personnage hors du commun qui maniait aussi bien le goupillon que le coup de pieds au cul. Nos curés étaient à notre image ; turbulents.
Tous ce monde que l'on adorait et que nous craignons représentait pour nous un univers que nous assimilions à ce pays lointain qui nous fascinait et que béatement nous vénérions. La France.
Nous ne savions pas que nous nous trompions.
Gabriel Conessa, journaliste et enfant du quartier , auteur d'une livre émouvant sur Bab el Oued exprime un sentiment que nous partageons tous en soulignant que paradoxalement c'est à Bab el Oued que la guerre n'aurait jamais du avoir lieu. C'est singulièrement dans ce quartier, véritable creuset de races et de religions confondues que la guerre n'aurait jamais du avoir lieu.
Et c'est là que le plus grand choc du drame algérien s'est produit.
Tous ces français « à part entière », dont certains s'exprimaient encore difficilement dans leur nouvelle langue, tout ce petit monde à peine ressorti de la misère, persuadé d'appartenir corps et âme à la nation française ne pu comprendre cet abandon soudain d'une France à qui il avaient plusieurs fois prouvé leur attachement.
Leur histoire passée largement amplifiée et exploitée par une propagande savamment dosée et orchestrée par l'antenne gaulliste d'Alger, allait pousser ces simples gens à la révolte et au refus d'admettre d'autres solutions plus réalistes.
La révolte fut spontanée et soudaine, naturelle, logique et incontournable. Nous étions murs pour servir les intérêts de quiconque pourvu que ce soit dans une solution française. Il faut dire que les évènements historiques auxquels ont eu à faire face depuis la conquête les divers gouvernements ne permirent pas d'envisager sérieusement de grandes réformes pour cette colonie. La maladroite quatrième république, talonnée de près par les gaullistes, ne rata jamais une occasion d'inquiéter le peuple d'Algérie dans toutes se composantes jusqu'au jour où cinq hommes respectables décidèrent de déterrer la hache de guerre et de reprendre la lutte armée contre la France.
Tous ceux qui ont vécu l'histoire de ce quartier ne pourront pas oublier les manipulations et les manigances gaullistes qui devaient aboutir au 13 mai. L'attentat de la rue de Thebes, l'affaire du Bazooka (M.Debré), l'enterrement d'Amédee Froger ou le départ de Jacques Soustelle.
Par son engagement inconditionnel de rester français, Bab el Oued allait devenir un réservoir d'activistes qui devaient faire de ce turbulent faubourg, le jour au De Gaulle changera de politique, le bastion de l'Algérie Française.
Les derniers mois de l'Algérie Française resteront à jamais gravés dans nos mémoires.
Le blocus du quartier par des troupes commandées par le petit général Ailleret fut d'une sauvagerie encore aujourd'hui dissimulée. La répression fut sanglante, impitoyable.
Le quartier fut bombardé par hélicoptères et chasseurs T6, la troupe française composée de gardes mobiles, des droits communs recrutés dans les prisons contre remise de peine, s'en donneront à cœur joie.
Fouilles, perquisitions, arrestations, tortures ne permettront pas d'arrêter le général Salan qui s'échappera du camp retranché déguisé en pompier. Les gendarmes se vengeront sur le petit peuple de Bab el Oued qui se défendra en répondant par la même violence.
Plus de 100 morts parmi les civils. Des milliers de déportés. Bab el Oued en prenant un air de Budapest occasionnera l'une des plus grandes manifestations pacifique qu'ait connu l'Algérie et qui sur ordre se terminera par un carnage prémédité le 26 mars 1962.
Dès lors commença une politique de la terre brûlée, toutes les parties concernées allaient se déchirer, s'entretuer et creuser de plus en plus un fossé entre ces « désespérados » qui refusaient de quitter leur terre et un gouvernement décidé à en finir à n'importe quel prix.
Le 26 mars sera l'ultime tentative des pieds noirs à manifester leur attachement à la France. L'armée française les laissera passer deux barrages, les enfermera et leur tirera dans le dos. Le massacre aura duré 12 minutes laissant sur le tapis 82 morts, hommes, femmes et enfants.
Ce crime prémédité allait déclencher un exode difficile et une arrivée inoubliable sur le sol métropolitain. L'Algérie n'existait plus. Les pieds noirs avaient perdu leurs illusions et allaient devoir réapprendre à reconsidérer objectivement la France, un aspect de ce pays que finalement nous ne connaissions pas.
En s'amputant de l'Algérie dans les pires conditions, la France se plaçait « en état de pêché mortel » et deviendra, pour la plus grande partie d'entre nous, qu'un souvenir lointain.
L'aventure commence.
Marchand sur le grand balcon de la compagnie maritime, au pied de la passerelle, je réalise que je foule cette terre algérienne que j'aurais voulu baiser symboliquement comme aurait pu le faire le Pape. Ce que je fais dans ma tête en pensant à tous mes frères pieds noirs, car cette même pensée a du traverser l'esprit de plus d'un million d'exilés.
L'aventure commence. Je suis persuadé que le plus dur reste à faire. Et malgré l'émotion qui m'étreint de plus en plus, je ressent une certaine satisfaction, un certain plaisir de me retrouver enfin « chez nous ».
En débarquant ainsi, après le départ précipité que nous savons, l'accueil est fantastique. A la police, sourires complices et bienvenue, à la douane, vibrante poignée de main, au change, précipitation d'un employé qui me souhaite la BIENVENUE.
La gorge nouée...je suis ému et je souris... « Vous êtes ici, chez vous... »
DZ sur le passeport, après tout, ici, ça sert au moins à quelque chose.
La surprise et l'émotion sont totales. Ils ne nous ont pas oubliés !
L'arrivée à l'Hôtel où j'avais une réservation attire l'attention de nombreux employés de la réception qui jovialement me souhaitent tous la bienvenue au pays.
Dans la foulée et déjà pressé, après avoir déposé ma valise dans la chambre d'où la vue sur l'Amirauté est impressionnante, ma première sortie est d'aller envoyer un mail à la famille. A quelques mètres de l'hôtel sur la magnifique esplanade d'El Kettani, le commerçant du cyber après avoir jeté un coup d'œil au message que j'avais transcris en grosses lettres, sans doute pour exprimer ma joie, refuse que je le règle. J'insiste et pour toute réponse : « Bienvenue chez vous » ! C'est bouleversant et cela doit se voir.
Il est 14h passé, pressé et dans la crainte de ne pas avoir le temps de tout voir et de tout faire, je repars avec Rachid, direction la côte Ouest, par l'avenue Malakoff, St Eugène, Bain Romain, Deux Moulins, la Pointe Pescade, Baïnem, Guilloville et la Madrague.
Rachid
Rachid Hammani, je l'ai connu sur le net six mois avant de partir sur le site de Marc Morell. Nous avons à peu près le même âge et il connaît bien tous les endroits où je désire me rendre. Nous passons par le bas de Bab el Oued, mon plus grand centre d'intérêt, j'aperçois ma rue Mazagran où nous irons demain matin.
Tout a changé. Presque toujours en bien. L'avenue Malakoff est devenue une large avenue bordée d'une esplanade, sorte de forum qui a été pris sur la mer. Dès le Bastion 23, anciennes résidences des Raïs et jusqu'à l'indépendance résidences d'officiers supérieurs, jadis Boulevard Amiral Pierre, un énorme forum englobe le Kassour, contourne Nelson, l'ancienne Icosium, débouche ensuite sur l'Algéria Sport et déborde du cercle militaire pour finir après le grand boulevard Malakoff sur le coté droit du stade de St Eugène qui se retrouve aujourd'hui à gauche de la route de la corniche.
Ce surprenant boulevard piétonnier avec ses caféterias et le grand hôtel Kettani donne à ce quartier qui était jadis plutôt désert, un air de promenade des Anglais.
La vue s'étend d'un côté sur l'Amirauté, toujours aussi belle, et de l'autre, sur Notre Dame d'Afrique. Au pied du jardin Guillemin, l'ancien bain Mataresse et Padovani ont été engloutis sous le béton. La gare de Bab el Oued et la Consolation ont laissé la place à une grande artère qui rejoint le boulevard Pitolet, passe devant la salle Pétrière et rejoint le quartier de St Eugène, avec en toile de fond, la même vue imprenable sur Notre Dame d'Afrique.
Ces aménagements ont donné à ce quartier un air de modernité en même temps qu'un atout touristique considérable où les points de vue sur la Casbah, Notre Dame d'Afrique et la côte ouest sont absolument étonnants.
Du Kassour au stade de St Eugène, une magnifique esplanade...
Notre première halte fut la Pointe Pescade. Le Casino de la Corniche, propriété de l'armée est en parfait état de conservation. Quelques centaines de mètres plus bas, déception de ne pas reconnaître le village de la Pointe Pescade qui est devenu une ville grouillante. Le Sport Nautique a disparu. La Plage de chez Franco est salle et déserte. Le centre ville est méconnaissable. L'usine des ciments Lafarge parait encore plus polluante. La maison de la jolie Jacqueline Bach a bien changé, pauvre Jacqueline tu serais bouleversée de revoir la maison familiale. Assez déçu, nous repartons de suite vers Baînem que nous dépassons sans que je m'en aperçoive. Cette énorme agglomération sans frontière qui s'étale de Bab el Oued à la Madrague me désoriente complètement. Et ce n'est qu'en découvrant le Cap Caxine, que j'annonce à Rachid que nous avons dépassé Baïnem. Nous nous arrêterons au retour, car il s'agit pour moi d'une étape incontournable.
Nous rentrons à Guilloville qui en apparence n'a pas trop changé puis à la Madrague qui continue l'agglomération de Guilloville. La Madrague est méconnaissable, une énorme agglomération qui s'étend du bord de mer jusqu'à Staouléli. Les champs sablonneux qui commençaient à 50 mètres des quelques villas et cabanons de la plage se sont transformés en quartiers assez cossus si l'on en juge à la richesse architecturale des villas dont certaines sont de véritables palais.
Le petit port à plus que doublé et il semblerait que les plages d'Alger dont nous étions si fiers commencent véritablement ici.
La Madrague
Repartant vers l'Îlot, d'où nous apercevons le phare du Cap Caxine nous retrouvons les constructions anarchiques qui défigurent le bord de mer qui jusqu'à St Eugène ne semble plus fréquenté des algérois.
En rentrant sur Baïnem, nous nous arrêtons à Baïnem-Falaise où j'ai passé de nombreuses saisons. Premier constat, toutes les clôtures des maisons et villas ont grimpé de deux mètres en hauteur. Derrière ces murs, il y a souvent les mêmes maisons.
Dans la rue des Falaises deux algériens de mon âge viennent vers nous et je suis surpris de les entendre me citer tous les noms des anciens du quartier. J'espérais retrouver Kadour, il habitait cette maison à l'angle. Mes amis me disent qu'il habite aujourd'hui à Birmandres.
Les hauts murs des habitations donnent une impression de rétrécissement. Les escaliers souvent abruptes accédant aux plages n'existent plus.
Malgré une tentative l'accès aux criques est impossible. Des constructions sur les endroits d'accès et un dépotoir sur le seul escalier possible nous empêche de descendre sur la plage. La belle vue que nous avions du haut des escaliers menant à la plage est complètement obstruée. Nos deux amis nous amènent vers tous les lieux que je leur indique et chaque fois c'est un peu la déception.
La plage mitoyenne au rocher troué, la plage des trois bancs est dans le même état. Les trois bancs ont même disparu. J'immortalise, pour une amie, par quelques photos la plage des trois bancs, une photo des deux frères, deux
rochers à fleur d'eau à huit cent mètres de la plage. Encore là l'épicerie de Grisou, le « moudchou » que nous aimions bien et qui connu une fin tragique. Encore un dernier tour, un dernier regard et nous partons, c'est vrai un peu frustrés car, c'est à peu sûr, je ne reviendrais sans doute jamais à Baïnem.
Baïnem falaises était un petit quartier de cabanons ou des familles simples vivaient à l'année et voyait grossir sa population à partir de pentecôte pour devenir le temps d'un été, un quartier balnéaire de gens modestes pour la plupart.
Jamais un étranger au quartier ne venait troubler les habitudes des riverains qui au rythme des week end et des fêtes comme pentecôte ou le 15 août, sautaient sur toutes les occasions pour se retrouver autour de mounas, de paellas, de brochettes, de sardinades,etc...
Plusieurs familles aisées d'Alger, de Kouba et même de France venaient l'été, profiter des centaines de petites criques que morcelait une côte très escarpée et combien poissonneuse.
La plus belle maison appartenaient à la famille Thiare, une grande famille algérienne. Elle fut rachetée par une famille juive et lyonnaise alliée de la famille Beghin ,(les grands sucriers et soyeux de Lyon) qui possédait une usine dans la vallée de la Soumam. Jacqueline Beghin, une jolie petite blonde venait chaque année retrouver la même bande de copains et de copines pieds noirs et arabes. Le docteur et pharmacien Pozzo di Borgho de l'avenue de la Marne, possédait également une très belle villa, quand au reste, cela variait de maisons convenables aux plus simples petits cabanons qui même en tôles ondulées offraient toujours aux regards un air de vacances et de bien être que je n'ai plus jamais nulle part retrouvé.
Nous étions privilégiés et chanceux d'évoluer dans ce décor de rêve ou certains jours de grand calme, la mer, immobile, nous offrait l'étonnante impression de vivre dans le plus beau pays du monde.
Monsieur Papillon, surnom donné par son petit fils, ancien directeur de la BNCI,
partait régulièrement à la pêche avec Boujemaa, son ami et partenaire de pêche. Quelques familles arabes, très simples, comme celle de Kaddour participaient à la vie du quartier et se retrouvaient régulièrement côte à côte sur les plages dont on dira plus tard qu'elles étaient interdites aux chiens et aux arabes. (Propos tenu par Yacef Saadi dans une fiction vidéo.) Tout ce monde pourtant si différent semblait vivre en parfaite intelligence et dans un monde en paix.
Nous étions loin de penser que nous étions des colons, d'ailleurs nos voisins algériens, le pensaient ils eux-mêmes ? Savions nous exactement le sens et la définition de ce terme et l'ampleur de son impacte sur la vie Algérienne ? Certainement pas !
Après avoir chaleureusement remercié nos deux amis de rencontre je repars cette fois assez abasourdi. Cet endroit de rêve était devenu un quartier triste, sale et populeux. Les rochers de notre enfance une immense décharge publique sauvage.
Cette première retrouvaille avec l'Algérie me déconcerte un peu et le retour sur Bab el Oued m'extirpe un peu de mes pensées. En passant par le centre ville de St Eugène puis par mon quartier, en remontant la rue Rochambeau, je peux apercevoir ma maison et mon balcon.
Je rentre à l'hôtel assez éprouvé par ce premier contacte avec l'Algérie, mon premier sommeil à Alger sera léger, heureusement la vue de la terrasse est superbe, la gentillesse du personnel d'une touchante délicatesse, et plusieurs chaînes algériennes de télévision dont Canal Algérie diffusent des programmes de qualité. La profusion des paraboles, qui agressent tous les édifices, font d'Alger la ville la plus francophone du monde. Ceci s'explique car après leur installation aucune redevance n'est demandée.
1. johnd'heuf le 06-01-2012 à 21:03:30 (site)
EsCa ne donne pas envie d'adresser un commentaire. Il y a des choses interessantes mais méfie toi de ta subjectivité de tes a priori et des desinfo que malgré toi tu reprend.J'en aurai des tonnes à dire pas toujours sympa d'ailleurs comme par exemple la reconciliationMAIS JE NE ME SUIS JAMAIS DISPUT2 AVEC le peuple algérien musulman, la preuve j'ai toujours correspondu mais les corrompus du FLN seront toujours même dans un autre monde si cela exisre mes ennemis-tu en deuil mao ami?
Que des hommes et des femmes formidables !
Mon engagement tardif et tout naturel dans la grande réconciliation m'a permis de rencontrer des gens extraordinaires dont la sincérité et la spontanéïté m'ont toujours comblé de satisfaction et de bonheur.
Notre rencontre avec Dalil Boubeker, un humaniste, un ami, un frère.
Eric Wagner, un autre frère de terre, citoyen du monde et fondateur du seul mouvement reconnu ce jour, qui oeuvre au rapprochement de tous les algériens, de toutes origines et de toutes confessions.
Hier utopie, aujourd'hui réalité!
Vous pouvez visiter son site:
Rencontre avec Cheikh Khaled Ben Tounes, chef spirituel de la Zaouïa
Tariqa Soufia "Alawiya" de Mostaganem..
Le Cheikh Ben Tounes, en visite à St Pierre, venu faire une conférence sur le soufisme, reçu dans le bureau du maire de St Pierre en présence de Nasser Guedioura, représentant le Consul d'Algérie à Paris et madame SEBAOUN, assise au premier plan.
Et le grand chanteur Algérien....
Mohamed LAMARI
Une "bête de scène", le "julio Iglésias" algérien qui a copmmençé sa carrière à l'émission de Jacques Bedos; Six, Quatre, Deux, à la salle Pierre Bordes.
A participé, pour faire plaisir à son ami Henri à la "semaine de l'Algérie" en 2007 à La Réunion.
Le frère Lachen EDABERE, venu à St Pierre nous présenter sa région du Hoggar.
Henri et Lachen quelquepart dans le Hoggar.
Cheikh Asnaouï, monument de la musique Chaïbi algérienne, venu finir sa vie à St Pierre où il est entérré.
Depuis plusieurs années, certains d’entre nous ont pris conscience de différentes manières, par des actions individuelles ou associatives, par leur travail scientifique ou artistique, par des retrouvailles après plusieurs décennies de séparation, que la cohabitation intercommunautaire avait laissé des traces profondes dans l’inconscient individuel et collectif, et que la séparation advenue avec l’indépendance en 1962 avait été vécue de part et d’autre comme une amputation. Et chacun de notre côté, nous avons agi pour renouer.
Aujourd’hui, nous pensons que nous avons le devoir devant l’Histoire et devant nos héritiers, de prendre l’initiative de nous rassembler pour réfléchir et agir, afin de panser les traumatismes de la séparation et de faire advenir une Histoire plus humaine.
Aussi, nous Membres Fondateurs,
avons décidé de créer ce Mouvement d’opinion et de cœur
D’Algérie-Djezaïr !
Et appelons à nous rejoindre
les natifs d’Algérie
et leurs descendants
TEXTE FONDATEUR
Nous signataires, que nous soyons d’origine afro-berbère, judéo-berbère, arabo-berbère, ou bien issus de toutes les origines euro-méditerranéennes, habitant aujourd’hui en Algérie, en France, ou disséminés de par le monde, considérons que l’Algérie est notre pays principal ou second. Même si les lois de l’Etat français, la naturalisation des immigrés euro-méditerranéens mais aussi les violences et les vengeances de fin de guerre, les exodes judéo-européen et harki au moment de l’indépendance en 1962 et enfin l’exil intellectuel des années 90 pour fuir le terrorisme islamiste et les violences d’Etat, ont fait accéder un certain nombre d’entre nous à la nationalité française ou à celle d’un autre pays d’accueil.
Unis par la conception moderne et républicaine d’une nationalité fondée sur le sol et non sur le sang, nous ne nous sommes jamais accommodés du fait que l’indépendance de l’Algérie, qui visait à mettre fin aux inégalités du système colonial, ait eu aussi pour conséquence l’expatriation de plus d’un million de personnes. Ce qui fut l’un des plus grands déplacements de population de l’histoire de l’humanité mit ainsi un terme à une expérience de rapprochement multiethnique qui avait enfin la possibilité de se développer entre Berbères, Arabes, Pieds-Noirs, Musulmans, Juifs, Chrétiens et non-croyants.
Notre décision aujourd’hui de mêler nos noms et demain d’agir ensemble exprime précisément la volonté de réparer ce rendez-vous manqué de l’Histoire et symbolise ce que l’Algérie aurait pu être : une grande nation multiethnique intégrant toutes les émigrations que notre terre avait rassemblées depuis plusieurs milliers d’années par le commerce, la conquête, ou les exils dus à la pauvreté et aux persécutions.
Cette histoire commune ne peut pourtant être réduite uniquement à des séquences de malheur. Nous en voulons pour preuve le retour de plus en plus fréquent de Pieds-Noirs et de Juifs, dans leurs villes, villages ou hameaux d’origine, et l’accueil chaleureux qui leur est réservé, comme celui de Harkis et d’enfants de Harkis dans leurs familles.
Ensemble et en tenant compte des blessures des uns et des autres, nous voulons d’abord rétablir un dialogue qui n’aurait dû jamais cesser.
Ensemble nous voulons reconstituer cette fraternité meurtrie par les dénis d’histoires et les humiliations, la guerre et les exils, les culpabilités et le silence. Fraternité toujours présente et renaissant dès que c’est possible.
Ensemble, nous voulons retrouver la trace d’une histoire humaine occultée par les histoires officielles et nous défaire des visions manichéennes.
Ensemble, c’est cela que nous vous voulons transmettre à nos enfants mais aussi à l’humanité entière. Car en ces temps de recomposition violente des nations et des peuples, notre réconciliation témoignera que la haine n’est pas une fatalité de l’Histoire. Et qu’en respectant les différences des uns et des autres – culturelles et cultuelles – la fraternité pourra devenir l’horizon de l’humanité.
C’est pourquoi nous proposons aujourd’hui un Mouvement fondé sur des valeurs humanistes. Un Mouvement riche et respectueux de toutes nos diversités - ethniques, linguistiques, culturelles, religieuses ou d’opinions - qu’il nous plait d’appeler «D’Algérie-Djezaïr».
Refusant les conformismes idéologiques nous désirons instaurer une communication sans tabous entre celles et ceux que l’Histoire a séparés, encourager toutes les initiatives qui vont dans le sens de la rencontre et du dialogue, nous opposer à tous les discours haineux et à toutes les exclusions passées ou à venir, faire reculer les étroitesses identitaires, encourager les écritures de mémoires plurielles et d’une Histoire rigoureuse, faire connaître notre vision fraternelle là où nous nous trouvons et nous rassembler autour d’actions symboliques quand nous le jugerons nécessaire.
Ce faisant, nous voulons contribuer à bâtir un univers de paix en Méditerranée, et, au-delà, apporter un message d’universalité en participant aux prises de conscience planétaires.
Aboutissement de multiples rapprochements associatifs ou individuels nés de l’évolution des mentalités, des voyages, du désir de connaissance des jeunes générations et du développement de la communication grâce à Internet, mais aussi du nouvel exil algérien des années 90, notre mouvement ne s’enfermera dans aucune des structures associatives connues.
Sans cotisation ni bulletin d’adhésion il manifestera sa présence en créant du lien et des synergies entre les réseaux humains qui se reconnaîtront dans sa vision et ses valeurs.
Le mouvement «D’Algérie-Djezaïr» est ouvert à tous les natifs d’Algérie qui voudront le faire vivre, ainsi qu’à tous leurs descendants.
CONTACTS :
dalgeriedjezair.contact@gmail.com
MEMBRES FONDATEURS
(Certains signataires ont demandé à ne figurer qu’avec leurs initiales)
Liste mise à jour au 18 mars 2009
A.S.L, commercial, Akbou (Algérie); A.S chercheur, Déhamcha (Algérie); Aït Sidhoum Slimane, écrivain, Sidi-Aïssa/ Montpellier (France); Allouch Jacques, chirurgien, Oued Zenati/Créteil (France); Allouche Jean-Luc, journaliste, traducteur, auteur, Constantine/ Région Parisienne (France); Amara Kheira, assistante de Direction, Sour el Ghozlane/ Jonzac (France); Arabdiou Hakim, Boufarik/Paris (France); Arti Louis, compositeur, écrivain, El Tarf/ Alès (France); Balkis Laura, Ales/ Rennes (France); Bapcères Henri, Alger/Réunion (France); Baussant Michèle, ethnologue au CNRS, Créteil (France); B. A. (Algérie); Belattar M., Responsable Projet Industriel, Alger, Paris (France); Benedetti Arnaud, Directeur de la Communication, Agen (famille de Saint-Arnaud/El Eulma)/ Le Temple sur Lot (France); B.A. (France); Beltra François, Webmestre, Mers El Kébir-Oran/ Vitrolles (France); Benabadji Foudil, écrivain, Agde (France); B.D (Algérie); B.F (Algérie); B.L. (France); Benyagoub Chérina, Présidente association ECOSMOPOLE, Bône-Annaba/ Marseille (France); Berritane Djamila, animatrice, Poitiers (France); B.S., Paris (France); Berton René, retraité, Boufarik/ Provence (France); Besnaci-Lancou Fatima, éditrice, Novi-Sidi Ghiles/ Paris (France); Bondu Corinne, productrice cinéma, Nancy (père d’Alger)/ Paris (France); B.F, Tebessa (Algérie); Bouhadef Abdé, sculpteur, Beni-Yenni (Grande Kabylie)/ Paris (France); Bourtel Djanette, bibliothécaire, Coupvray (France); Bouzouane Lakhdar, médecin, L’Arba Nath Iraten (Tizi-Ouzou)/ La Courneuve (France); B.Y, Annaba (Algérie); Cabrera Dominique, cinéaste, Relizane/ Montreuil (France); Caduc Eveline, écrivain, universitaire, Bône-Annaba/ Antibes (France); Camps Pierrette, retraitée, Boigie/Floride (USA);Cea Jean, professeur émérite de mathématiques, Aïn-Temouchent/ Nice (France); Chelali Barka, enseignante contractuelle, Roubaix Nord/ Réunion (France); Chemla Jean-Pierre David, enseignant, Bône-Annaba/ Trinqueux, Reims (France); Chemla Patrick, psychiatre chef de service et psychanalyste, Bône-Annaba/ Paris (France); C.A., psychiatre, Alger/ Paris (France); Cherry Pierre, ingénieur, Souk-Ahras, Montpellier (France); Colonna Fanny, socio-ethnologue, chercheur CNRS émérite, Téniet el Had/ Paris (France); Colonna François, graphiste Alger/ Marseille (France); Colonna Vincent, écrivain, Alger, Paris (France); Courbis Pierre, avocat, Bône-Annaba/ Cannes (France); Cutzach Gérard, médecin, Méchéria/ Corbeil (France); D’Agata Chantal, orthopédagogue, Souk-Ahras/Laval, Québec (Canada); D.F. (Canada); D’Attoma Bernard, journaliste, Alger/ Paris (France); Daoudi Farida, retraitée, Hussein-Dey/Paris (France); De Miras Richard, Mostaganem, Yvelines (France); D'Ippolito Danièlle, retraitée, Souk-Ahras/Vauvert (France); D.J, fonctionnaire, Annaba (Algérie); Djebiha Hamid , juriste territorial, Algérie/ Annemasse (France); D.N. Bordj el Kiffan, (France); D.T. (Algérie); Domon Arlette, écrivain, Alger/ Montpellier (France); Domon Jean, pasteur, Alger/ Montpellier (France),;Donce Bernard, Directeur Régional d'une Société d'Assurances /Chebli (Blida)/ Réunion (France); Doukhan Rolland, écrivain, Constantine/Paris (France); Dridj Benabdallah, chef de service éducatif, Blois (France); E.H.M.H. (Algérie); Escriva Amelia, cinéaste, Landerneau (famille de Bône-Anaba)/ Paris (France); F.C., manager, Oran/ Paris (France); Ferra Claude, retraité, Tlemcen/ Rocbaron (France); Ferrandez Jacques, dessinateur de BD, Alger/ La Colle sur Loup (France); Forin-Pillet Noèle, écrivain, professeur honoraire de Lettres, Sétif/ Roquebrune Cap Martin (France); Fréha Pierre, écrivain, Alger/Paris (France); Fredj Jacques, enseignant, Alger/ Région parisienne (France); Galiero Jean-Louis, enseignant retraité, Alger/ Québec (Canada); Galiero Marc, comédien, Alger/ Cassis (France); Gallaire Fatima, dramaturge, Paris (France); Garcia Christiane, fonctionnaire, Djerada (Maroc)-Oran / Lyon (France); Garcia Claude, président Association ARAPREM, Oran/ Cuers (France); Garcia Jean-Pierre, Directeur du festival du film d’Amiens, Oran/ Amiens (France); Gaudiosio Jacqueline, infirmière, Bou Khadra (Tebessa)/ Banne (France); Ghozlane Ali, M’Lila, ingénieur Veresegyhàz (Hongrie); G.D. (Algérie); Grasser Yasmine, psychanalyste, Paris (France); Grim Mohamed, poète – écrivain, Alger/ Paris (France); Guedj Colette, écrivain, professeur émérite à l’Université, Tiaret/ Nice (France); Guénoun André, Oran, peintre, Paris/La Ciotat (France); Gueroult Françoise, infirmière-retraitée, Alger/ Périgueux (france); G.M, Alger. Paris (France); H.B. (France);Hadj Slimane Brahim,; Hadji Abdelmoumene, Architecte, Tlemcen/Montreuil (France); Hadjou Saddek, éducateur spécialisé, Tizi-Ouzou/Marly le Roi (France); Hamidi Arezki, ingénieur, Tizi Ouzou/ Bologne (Italie); Hammad Bernard Saïd, militant associatif, Crespin/Mont de Marsan (France); H.T.M (Algérie); Hariz Sara Cécile, ingénieur, Alger/ Nice (France); H.A.M. (Algérie); Jordi Jean-Jacques, historien, Alger/Marseille. (France);Karsenty Serge, sociologue, chercheur au CNRS, Tlemcen/Nantes (France) ; K.A, Santé, Tebessa (Algérie); Khellef Djamel, traducteur économique, Bougie-Béjaïa/ Montréal (Canada);L.S, ingénieur, France/(Algérie); Lacaze Paul, psychiatre, psychanalyste, Orléansville-Chleuf/ Montpellier (France); Lacoste Marie-France, retraitée, Tlemcen/Vanves (France); Lageix Marie-Paule, conseillère en formation, Mila/ Seyssinet (France); Lambert Pierre, musicien-compositeur, Tizi-Ouzou/Soisy Sous Montmorency (France); Landié Marie-Laure, étudiante en Histoire et en arabe, Paris (France); Lardjam K., comédien-metteur en scène, Oran (Algérie); Lasry-Fennetaux Jacqueline, professeur de lettres, Oran/ Paris (France); Laugier Jean-Louis, Université Bordeaux 3, Oran/Bordeaux (France); Lefebvre Edmée, enseignante en Grande Kabylie, Palestro/ (France); Lekloum Omar, cinéaste, peintre, Alger/ Paris (France); Leyris Jacques, médecin, Constantine/Paris (France); L’Helaouet Claude, retraité, Texenna/ Nice (France); Lledo Jean-Pierre, cinéaste, Tlemcen/ Montreuil (France); Loyer-Krausse Angela, psycho-sociologue, Alger/ Cannes (France); Louanchi Mourad, monteur cinéma, Alger/ Paris (France); Louanchi Sherazad, gérante, Alger/ Paris (France); M. M, consultante, Alger/ Paris (France); M.D, sociologue, Sétif/Paris (France); M.R. (Algérie); Manuel Monique, informaticienne, Souk-Ahras/ Bidart (France); Mansouri B., Kabylie/ Boulogne-Billancourt (France); Machto Paul, psychiatre, psychanlyste, Tlemcen/ Paris (France); Mayer René, retraité de la haute fonction publique, écrivain, Tunis/St-Cloud (France); Mekki Rachid, professeur, Alger/Tuxtla Guitiérrez Chiapas (Mexique); M.S. (Algérie); M. K. Souk-Ahras/(France); Mentheour Pierre-Henry, journaliste reporter d’images, Alger/(France); Mergny Michel, retraité, Alger/Hennezis (France); Mesnaria Mohamed, program Implementation Manager, Maillot-Mchedallah/ Maryland (USA); Meunier Andrée, retraitée, Relizane/ Draguignan (France); Mendez Jean-François, retraité SNCF, Picard (Mostaganem)/Bruyères Sur Oise (France); Mesquida Jean, agent à La Poste, Alger/ Ajaccio (France); Millecam Jean-Pierre, écrivain, Mostaganem/Nice (France); Molina Simone, psychanalyste, écrivain, Alger/Avignon (France); Mongellas Jean, psychologue, Alger/Réunion (France); Moreno Luis, secrétaire administratif, Oran/Madrid (Espagne); Moryoussef Annie, ostéopathe, Mascara/ Agen (France); Mouzaoui Ali, cinéaste, romancier, Boghni /Alger (Algérie);M.S Souk-Ahras, Paris (France); Nacer-Khodja Hamid, universitaire, écrivain, Lakhdaria-Palestro/ Djelfa (Algérie); Naman Michel, chirurgien-dentiste, Alger/Paris (France); Nouschi André, historien, professeur émérite, Constantine/ Nice (France); Ortega-Bernabeu Eliane, Oran/ Tenerife – Îles Canaries (Espagne); Pascuito Jean-Pierre, 81 ans, mandataire Halles d’Alger, auteur, Bateau de l’Amitié 87, Alger/ Marseille (France); Paya Jean-François, historien, Aïn-Temouchent/ Narbonne, (France); Pegard Baya, psychiatre, Alger/ Neuchâtel (Suisse); Peruffo Jean-Baptiste, cadre de Santé, Mers El Kébir-Oran/ Sausset les Pins (France); Pianelli-Godard Michèle, retraitée, Alger/Ain (France); Piro Paul, journaliste, Bône-Annaba/ Paris (France); Pouget Jean, retraité de l'enseignement supérieur, Alger/ Tourette –sur-Loup (France); Pupier Hervé, informaticien, Jemmapes-Azzaba/ Mios (France); Quaranta-Greck.Gilbert, Souk-Ahras, Vienne (France); Richard Jean-Marc, Proviseur-Honoraire, Alger/Périgueux (France); R.G. Orléansville/Chleff/(France); Rocher Josette, enseignante retraitée Bône-Annaba/ Niort (France); Rodriguez Richard, association, Oran/ Béziers (France); Roy Jean, Alger, ingénieur – conseil (œnologie), Alger/ Jonzac (France); Rousseau D., bibliothécaire, Souk-Ahras/ Paris (France); San Juan Marie-Claude, enseigne, écrit, Souk-Ahras, Paris (France); Samoun Marlène, chanteuse, Tlemcen/Paris (France); Sansal Boualem, écrivain, Teniet-el-Had/ Boumerdès (Algérie); Savelli Pascale, psychologue clinicienne, Oran /Montpellier (France); Schembré Christian, Alger, consultant, Montpellier (France); Schiano Jean-Marc, Bône/Annaba, retraité, Peipin (France); Seksig Alain, Alger, Inspecteur de l’Education Nationale, Montreuil (France); S-L.M, anthropologue, Alger/Paris (France); Staali Keltoum, enseignant, écrivain, Salon (France); Stora Brigitte, journaliste, Alger/ Paris (France); Taliano Albert, professeur de collège à la retraite, Saint-Joseph/Boukamonza/ Libourne (France); T.A, Constantine/ Région parisienne (France); T.K. Sétif/(France); T.S. Sétif /(France); Testud Marc, enseignant retraité, Novi-Sidi Ghilès/ Gujan-Mestras (France); Thirion Bernard, médecin, Inkermann-Oued Riou/ Grenoble (France); Tranchat Pierre, Avocat, Akbou, Grenoble (France); Wagner Claude Bône/Annaba, Périgueux (France); Wagner Eric-Hubert, kinésithérapeute, Bône-Annaba/ Réunion (France); Wagner-Jordi Francine, cadre de Santé, Bône/Annaba, Périgueux(France); Zahraoui Saïd, journaliste, Aïn-Temouchent/ Marseille (France); Z.S. médecin (France); Z.R. (Algérie), Zerbib Frédéric, avocat, Paris (famille de Constantine)/ New-York(USA).
BENAZZOUZ Salim, né en 1944 à Constantine, ingénieur à la retraite, Constantine (Algérie) est décédé brutalement en mai 08. Passerelle entre les trois communautés d’Algérie, musulmane, chrétienne, et juive, il incarnait l’âme de notre Mouvement. Il restera vivant.
L'un des plus grands
MOHAMED RACIM
Né en 1896.
Décrochant haut la main le grand prix artistique d’Algérie en 1933 ainsi que la médaille des Orientalistes, cet artiste a vu ses œuvres exposées aux quatre coins du monde.
Il décède, ainsi que son épouse à El-Biar, en 1975, dans des circonstances tragiques et jamais élucidées.
Il restera le plus grand miniaturiste du XXème siècle.
Son oeuvre est si importante qu'il faudrait lui consacrer un site tout entier.
Paul Emile Dubois
Mondialement connu.
En page de couverture de l'Illustration sur l'exposition universelle
FARID BENYAA
Un peintre contemporain de grand talent.
...des yeux pétillants font imaginer le sourire que cache l'étoffe.
http://farid-benyaa.com/algerie_galerie_art.htm
L'un de mes sites préférés
Etienne DINET
Nasseredine Dinet
Véritable génie de la peinture orientaliste
1. santodji le 06-12-2010 à 03:40:32 (site)
En plein dans le mille,cher ami !
Merci de diffuser la beauté et la culture .Salut
Commentaires